Paris maudit ! - Voyage avec Vue

Les légendes du Paris maudit

Pour Voir Paris autrement !

À la tombée de la nuit, Voyage avec Vue s’est laissé embarquer par les récits terrifiants de Guillaume Bertrand, de l’île de la Cité jusqu’à la fontaine des Innocents. Co-fondateur de Sous les pavés, scénariste et passionné d’histoire, notre guide s’est révélé être un conteur hors pair, une sorte de mutant entre Indiana Jones et Stéphane Bern qui… captive son auditoire. Nous avons testé pour vous cet itinéraire insolite qui marquera à coup sûr votre séjour parisien… 

Ambiance 

Notre point de rendez-vous n’est autre que l’emplacement de l’ancienne morgue construite par Haussmann en 1868, sur l’extrémité est de l’Île de la Cité, actuel square de l’Île-de-France. À l’époque, le lieu comptait parmi les promenades dominicales les plus en vue de la capitale, ce jusqu’à l’interdiction préfectorale de 1907. Chaque jour, une quinzaine de morts, souvent des victimes de noyade, étaient allongés, inclinés sur des tables en marbre noir, durant 48 heures, en attente d’une identification providentielle. « Morguer » signifiait « dévisager ».  Puis les corps anonymes partaient dans la fosse commune du cimetière des Saints-Innocents.

© Sous les Pavés

Sur la façade du 11 quai aux Fleurs, figurent les portraits d’Héloïse et Abélard. Nous sommes en 1116, quand Héloïse, nièce du chanoine Fulbert, recteur du cloître Notre-Dame, succombe aux avances de son précepteur Pierre Abélard. Les leçons se terminent en ébats dans les recoins de la chapelle Saint-Aignan et les amants sont découverts ! Ils sont alors éloignés mais réussissent à se retrouver régulièrement. La belle tombe enceinte. C’en est trop pour l’oncle excédé qui décide de… châtrer Abélard, punition réservée autrefois aux violeurs. Le crime engendra des mouvements de contestation et le Chancelier Étienne de Garlande, familier du professeur, saisit un évêque-juge pour préjudice physique et atteinte à la notoriété. Abélard était tout de même une éminence intellectuelle reconnue ! Toujours est-il que nos amants maudits entretinrent une correspondance extraordinaire et que leur passion traversa les siècles. En 1817, ils furent même inhumés au père Lachaise, en même temps que Molière et La Fontaine. Il s’agit en réalité d’une véritable opération de séduction pour les autorités, car il fallait désenclaver d’urgence les cimetières paroissiaux et convaincre la population de se faire enterrer dans les nouveaux cimetières !

© Sarah Sergent

Rue des Chantres vit la naissance du premier croquemitaine de Paris… On racontait qu’un moine vécut là et se vit pris au piège d’une crue. Il implora Dieu pour le sauver, mais ce fut le diable qui répondit à l’appel et lui permit de se venger en coupant des mains ! On lui prêtait des doigts verts et crochus ! Et l’idée de sa rencontre terrorisait les enfants et les poussaient à rentrer avant la nuit. Vous comprendrez maintenant pourquoi « L’habit ne fait pas le moine »…

© Sarah Sergent

Rue Chanoinesse, autrefois prolongée jusqu’à l’Hôtel Dieu, se tenaient deux échoppes, celle d’un barbier et celle d’un pâtissier. Les tourtes de ce dernier avaient un tel succès que même le roi se faisait livrer ! Un jour, un étudiant venu d’Allemagne disparut. La dernière personne l’ayant vu, dit qu’il était parti se faire raser. Le malheureux fut retrouvé dépecé dans la cave du barbier, prêt à servir de… farce ! Cette combine dura tout de même deux ans. Les deux complices furent condamnés et brûlés et les bâtiments firent l’objet d’un anathème pour commerce de chair.  Ce fait divers sordide inspira le film Sweeney Todd à Tim Burton.

© Sarah Sergent

Direction place de l’Hôtel de Ville, l’ancienne place de Grève autrement dit l’ancêtre de Paris plages ! C’était un port géré par la corporation des nautes, où arrivaient les marchandises et où « faire la grève » signifiait trouver un travail pour la journée ! Ce vaste marché alimentait les halles à proximité. Les doléances des marchands de l’eau, au sujet des taxes, étaient consignées au « parloir aux bourgeois », jusqu’à l’acquisition du premier hôtel de ville dit « Maison aux piliers » en 1357, par Étienne Marcel, à la tête de la municipalité. Celui-ci appartenait à la corporation des drapiers, dont l’étendard était rouge et bleu. En y ajoutant le blanc de la royauté, vous connaissez dorénavant l’origine du drapeau français ! Avec le temps, cette place devint le lieu officiel des exécutions. On brûle et on pend jusqu’à la Révolution, beaucoup de femmes vues comme des sorcières, des chats à la Saint-Jean et en général des sacs contenant 25 chats noirs chacun, et les faux monnayeurs qu’on plongeait dans des marmites de plomb. Les aristocrates eux se font décapiter. Était-ce réellement un privilège quand on sait que les bourreaux s’y reprenaient à deux, trois fois ? En 1792, la guillotine fit son entrée au grand dam du public, amateur de gore…  « Rendez-nous la potence ! » criaient-ils. Cent trente-six têtes tombaient chaque jour ici pendant la Révolution.

© Sarah Sergent

La place Stravinsky était autrefois le second Val d’amour de la capitale. En témoigne encore la rue Brise Miche qui côtoyait les rues Trace-putain et Trousse-vache. Pas vraiment romantique quoi ! Derrière Les Halles, la rue du Poil-au-Con – charmante désignation du sexe des femmes – est aujourd’hui, la rue du Pélican ! Les prostituées travaillaient dans les maisons bordelières qui longeaient les anciens remparts, « au bord de Paris », d’où les « bordels »… 

© Sarah Sergent

Saint-Merri est singulière est bien des points. C’est en l’occurrence la seule église parisienne où se jouent des concerts de métal ! Les pavés en tremblent. Mais c’est devant le fameux Baphomet qu’il faut trembler. Ce nom fut donné par certains occultistes du XIXè s. à l’idole mystérieuse, que les chevaliers de l’ordre du Temple auraient découvert en Orient, et furent accusés de vénérer. Ce petit « diable » trône au-dessus de l’archivolte du portail. À la suite de leur procès en hérésie, intenté par Philippe le Bel, nos Templiers furent arrêtés le 13 octobre 1307… Un vendredi qui depuis porte malheur.

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© Sarah Sergent

Après le Val d’amour, la Vallée de la misère ! Nous sommes au commencement de la rue Saint-Denis, là où se trouvait l’écorcherie. En perspective, la place du Châtelet n’était guère plus engageante, avec sa prison, et sa… salle des questions. On infligeait aux détenus une torture appelée des « cures d’eau », soit 5 litres pour la petite question et 10 litres pour la grande !  Le « bon bec » était celui qui avait bien parlé ! Il y avait aussi les oubliettes. Ces dernières possédaient trois niveaux correspondant à la gravité des délits et à la naissance des prévenus. Au premier niveau, le confort était certes spartiate, mais la geôle était vivable. Au second, vous étiez « sur la paille » ! Au troisième, vous trempiez à moitié dans l’eau, saucissonné et suspendu à une corde, en compagnie des rats. Ces rongeurs n’ont pas toujours été répugnants. Ils ont nourri les Parisiens durant le siège prussien, après qu’ils aient mangé les animaux des zoos… Dire que la dernière boucherie canine a fermé en 1950 ! Jetez un œil à la vitrine du 8 rue des Halles ! Celle-ci fut intégrée au décor du film Ratatouille afin de crédibiliser la reconstitution du Paris historique…

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© Sarah Sergent

La place Saint-Opportune donne sur une ruelle sombre : la rue Courtalon… Nicolas de La Reynie, premier lieutenant de police de l’histoire officiant sous Louis XIV, enquêta sur la disparition de jeunes hommes fortunés. Il eut l’idée d’utiliser un appât pour confondre le coupable. Alors que sa taupe se promenait aux Tuileries, elle fut accostée par la gouvernante d’une mystérieuse princesse polonaise en quête d’un mari. Elle lui donna rendez-vous dans l’appartement de celle-ci, rue Courtalon, le soir-même, pour les présenter. La princesse se montra fort entreprenante malgré son rang et l’appât s’en donna à cœur joie ! Elle prétendit s’absenter quelques minutes pour se repoudrer le nez, se préparant en réalité à commettre l’irréparable. En l’attendant, le jouvenceau fit tomber un paravent et sentit une odeur pestilentielle. Il découvrit dans un placard, vingt-six têtes sur des plateaux d’argent. Dieu merci, La Reynie est intervenu à temps ! La princesse était en vérité une comédienne londonienne à la tête d’un trafic de cadavres qu’elle vendait en Allemagne, à des écoles de médecines, pour les besoins de dissections. Comme l’église interdisait cette pratique, ce négoce rapportait gros ! 

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© Musée Carnavalet

La rue de la Ferronnerie est tristement célèbre pour l’assassinat d’Henri IV, tué par Ravaillac, le 14 mai 1916. Les deux coups de couteau du régicide lui valurent 4h30 de supplices : mamelons tailladés à l’aide de lames chauffées sur des braises ardentes, tendons et muscles découpés, plaies comblées au sel et à la chaux puis cautérisées au plomb fondu ! Il fut conduit ensuite en place de Grève où il fallut une heure pour réussir à l’écarteler. La population le maudit pour l’éternité…

© Sarah Sergent

À proximité, la fontaine des Innocents est le seul vestige visible du cimetière éponyme. C’était un charnier à ciel ouvert, avec de 70 à 500 corps qui arrivaient quotidiennement et finissaient par s’amonceler sur 2 mètres de hauteur. Certains « morts » se réveillaient ! Des cochons se régalaient de cette chair fraîche. Les os étaient mis dans les combles des arcades du portique limitrophe, appelés « pourrissoirs ». À la fermeture du cimetière, ils finirent aux catacombes. En journée, la nécropole drainait des écrivains publics qui rédigeaient les actes de décès, des voyantes. Mais les personnages les plus pittoresques étaient des femmes : les « recluses ». Pour la plupart, c’étaient des religieuses qui se faisaient emmurer jusqu’à leur mort pour racheter les péchés du monde, avec juste une fente pour recevoir de la nourriture. Et voici l’origine de la « peine de réclusion à perpétuité » ! Et la recordwoman en titre fut Alix de Gourgotte, qui succomba après 46 ans contrainte entre ses quatre murs… 


Rendez-vous pour les Légendes du Paris maudit 2, rue de la Lune, pour encore plus de frissons, et une visite en musique s’il vous plaît !

© Sarah Sergent

Toutes les informations : 

Pour plus d’informations ou réserver directement votre visite sur le site : 

Sous les pavés : www.sous-les-paves.com

Guillaume Bertrand : guillaume.bertrand314@orange.fr 

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